ECAL Cinéma 2018
Le Cinéma à l’ECAL
ECAL/Ecole cantonale d’art de Lausanne
Une école de cinéma, c’est un film. Même structure, même objectif : construire une histoire passionnante avec des femmes et des hommes au centre d’un cadre bien défini.
En premier lieu, il y a une idée, un scénario. Autrement dit, la méthode pédagogique – un programme qui va définir les protagonistes de ce long-métrage de plusieurs années. Ensuite, il y a la phase de préproduction, s’apparentant au choix des étudiantes et étudiants, savamment sélectionnés parmi des dizaines, voire des centaines de candidats. Un casting forcément drastique ! Puis, évidemment, le tournage, sous la forme du cursus académique, avec des professionnels venus des quatre coins du monde qui vont les entourer pour mener à bien leur apprentissage. Mise au point, mise en lumière. La post-production, quant à elle, s’associe au moment où toutes les connaissances se mettent en place et sont délivrées par le biais d’un film de fin d’études. Magie du montage. Et finalement, cerise sur le gâteau, la promotion et la diffusion, soit le chemin que parcourent les jeunes diplômés, forts de leurs films, une fois l’ECAL terminée. Leurs noms en haut de l’affiche.
Navet ou chef-d'œuvre ? A vous de juger. De mon côté, aux étudiants et au staff de l’ECAL, j’attribue sans hésiter cinq étoiles !
Alexis Georgacopoulos, directeur de l’ECAL
Bachelor Cinéma
Ce programme s’adresse à des étudiant·e·s passionné·e·s par tous les genres du cinéma et de l’image en mouvement (fiction, documentaire, film expérimental, de communication, programme télévisuel, clip et publicité).
Si la formation en réalisation – dont l’écriture personnelle– reste centrale, ce Bachelor apporte des compétences pluridisciplinaires et étendues dans les différents métiers du cinéma (scénario, image, son, scripte…). Grâce à des cours et des ateliers donnés par des personnalités reconnues de la discipline, les étudiant·e·s se perfectionnent dans des domaines aussi divers que la mise en scène, la direction d’acteurs/actrices, l’écriture scénaristique ou encore la production. Des mandats pour des institutions ou des entreprises, leur permettent de se confronter au monde professionnel.
Très souvent projetés dans les festivals du monde entier, diffusés sur les chaînes de télévision nationales et étrangères, de nombreux films sont régulièrement primés. Les étudiant·e·s bénéficient également d’un enseignement théorique et de conférences multidisciplinaires au sein même de l’école.
Les compétences acquises durant le cursus Bachelor leur offrent la possibilité d’explorer et de présenter un portfolio de films d’une grande variété leur permettant ensuite de s’inscrire dans les divers métiers du cinéma, de réaliser des films d’auteur.e, des commandes publicitaires et aussi de travailler à la télévision, dans des maisons de productions ou encore au sein de festivals. Les étudiant·e·s peuvent approfondir leur domaine de prédilection en poursuivant par le Master en Cinéma à l’ECAL ou un programme équivalent dans une autre institution.
Corps professoral 2017–2018
Responsable
Lionel Baier
Coordinatrice
Rachel Noël
Professeurs
Antonio Albanese
Luc Andrié
Lionel Baier
François Bovier
Claus Gunti
Rachel Noël
Richard Szotyori
Benoît Rossel, Paris
Production et diffusion
Jean-Guillaume Sonnier
Assistants postproduction
Mykyta Kryvosheiev
Patrick MuroniResponsable Année Propédeutique
David Monnet
Professeur Propédeutique
Thibault de Chateauvieux
Intervenant·e·s Propédeutiques
Sylvain Meltz
Adeena Mey
Anna PercivalResponsables Master Cinéma
Lionel Baier (ECAL)
Jean Perret (HEAD)
Coordinatrice Master Cinéma
Anne Delseth
Assistante
Marie-Elsa SgualdoIntervenant·e·s 2017–2018
Maud Alpi, Paris, Nantes
Dominique Auvray, Paris
Séverine Barde, Genève
Blaise Bauquis, Genève
David Bernet, Berlin
Julien Bouissoux, Berne
Stéphane Bouquet, Paris
David Cailley, Paris
Robert Cantarella, Paris
Thierry de Peretti, Ajaccio
Josée Deshaies, Paris
Laurence Ferreira Barbosa, Paris
Elise Girard, Paris
Agnès Godard, Paris
Stéphane Goël
Alain Gomis, Paris
Laurent Guido, Paris
Marie-Eve Hildbrand
Mike Hoolboom, Toronto
Anurag Kashyap, Mumbai
Marianne Lamour, Paris
Rachel Lang, Bruxelles
Laurence Larre, Paris
Olivier Loustau, Paris
Gaëlle Macé, Arles
Jessie Martin, Paris
Ursula Meier, Bruxelles
Dieter Meier, Zurich
Peter Mettler, Toronto
François Musy, Rolle
Léa Mysius, Paris
Julie Naas, Bruxelles
Cyril Neyrat, Marseille
Jeanne Oberson, Bordeaux
Mariana Otero, Paris
Rithy Panh, Phnom Penh
Joao Pedro Rodrigues, Lisbonne
Vasco Pimentel, Lisbonne
Aude Py, Paris
Jean Reusser, Genève
Yan Rihs, Genève
Fabrice Rouaud, Paris
Emmanuel Salinger, Paris
Stefano Savona, Palerme
Anne Seibel, Paris
Raphaël Sohier, Paris
Karine Sudan, Genève
Patrick Tresch
Katharina Wyss, BerlinJury de diplôme Bachelor 2018
Annette Dutertre, Paris
Denis Jutzeler, Genève
Andreas Struck, Berlin
Nicolas Wadimoff, GenèveJury de diplôme Master 2018
Claire Burger, Paris,
Lluís Miñarro, Barcelone
Nelly Quetier, ParisMasterclasses 2017–2018
Darren Aronofsky, New York
Suzanne Bier, Copenhague
Thierry Frémaux, Paris
Guillaume Gallienne, Paris
Michel Hazanavicius, Paris
Barbet Schroeder, Paris
Léa Seydoux, Paris
Claire Simon, Paris
Gus Van Sant, Portland
Thomas Vinterberg, Copenhague
Frederick Wiseman, New YorkRécompenses 2017–2018
- « Narcisse du meilleur court-métrage suisse » au NIFFF, Neuchâtel International Fantastic Film Festival
- « Méliès d’argent du meilleur court-métrage européen » au NIFFF, Neuchâtel International Fantastic Film Festival
- « Best Swiss Newcomer Award » au Festival del Film di Locarno
- « Best Student Film Award» au Palm Springs Festival
- « Spirit Award for Best Narrative Short Film » au Brooklyn Film Festival
- « Prix du public » au Festival Les Courts du Vendredi, Zoom
- « Prix du public » de la Compétition internationale au Festival du court métrage de Clermont-Ferrand
- « Main Award » au Festival Signe de Nuit, France
- « Audience Award » au Festival Cinémaginaire, France
- « Best Student Short Film » au Festival Latin American Short Film Festival, Barcelona
- « Signs Award » au Festival Signe de Nuit, Thaïlande
- « Special Mention of the Jury » au Menorca International Film Festival, Espagne
- « Cinema Nova Award for Best Fiction Short Film » au MIFF, Melbourne International Film Festival
- « Best Scenario & Best Short Film » au Hendaia Film Festival, France
- « Special Jury Award » au Festival FILMETS, Espagne
- « Mention Spéciale du Jury » au Festival Chacun son Court, France
- « 1st PLACE AWARD » au Konstanzer kurzfilmspiele, Allemagne
- « Special Mention » au Cinemaforum Festival, Pologne
- Un prix au Festival Ciné Jeunesse Suisse, Zurich
- « Prix de la relève Upcoming Talent » aux Journées de Soleure, 2018
- « Prix du meilleur film suisse» (suissimage et SSA)
- « Audience Award » au Manlleu Film Festival
- « Best of Fest et Best Comedy » au New York Shorts City Film Festival
- « Award of Excellence » au Canada Shorts Film Festival
- « Prix Jury Jeune » au Festival Court, c’est court, Cinambule, France
- « IMDb New Filmmaker Award » au FilmBath Festival
- « Best screenplay » au le kino-lab festival.
- « Special Jury Award Short Film SPECIAL » au Miami Independent Film Festival Annual Event
- « Best screenplay » au kino-lab festival.
- « Best Swiss Newcomer Award » au Festival del Film di Locarno
- « Aung San Suu Kyi Award » au HRHDIFF Human Rights Human Dignity International Film Festival, Birmanie
- «Special mention of the jury» au Festival Ojo De Pescado, Chili
- « Best Film Award » au Zawya Short Film Festival, Egypte
Crépuscule de Pauline Jeanbourquin, 2017
Ici le chemin des ânes de Lou Rambert-Preiss, 2018
Satan de Carlos Tapia, 2017
Bonobo de Zoel Aeschbacher, 2017
On casse le ciel on prend un bout de Céline Dondenaz, 2017
Valet Noir de Lora Mure-Ravaud, 2017
Martien de Maxime Pillonel, 2016
Blind date à la juive de Anaëlle Morf, 2015
Victoria de Anouk Chambaz, 2015
Les intranquilles de Magdalena Froger, 2017
Ma yan chan, waves of transition de Jonas Scheu (Master), 2016
Suspendu de Elie Grappe, 2015
Discipline de Christophe Saber, 2014
Contact
ECAL/Ecole cantonale d'art de Lausanne
5, avenue du Temple
CH-1020 RenensContact production et diffusion des films : jean_guillaume.sonnier@ecal.ch
Design graphique : Bilal Sebei
Site web : Computed·By© ECAL 2018
Année Propédeutique
Etudiant·e·s de l’Année Propédeutique, Vertigo, portraits sonores, 33’17”
Vertigo, l’émission culture de la RTS, a demandé aux étudiant·e·s de Propédeutique Cinéma de l’ECAL de réaliser des portraits sonores des films nominés aux Prix du cinéma suisse. A la radio, on travaille avec le hors-champ, comme au cinéma. On apprend à ne pas tout montrer et on laisse au spectateur le soin d’imaginer.
Film de science-fiction à gros budget, documentaire intimiste, film policier, pastiche, la radio n’a pas de limites. Et les étudiants en ont profité. Chaque soir, pendant une semaine, un film nominé aux Prix du cinéma suisse et des étudiant·e·s de l’ECAL qui en font le portrait sonore à la radio.
Du lundi au vendredi, à 16h30, sur Vertigo RTS-La Première.
Thibault de Chateauvieux, réalisateur
Michaela Theus, With the Body of my Past, 6’
- Il s’autorise tous les sujets, tous les genres et toutes les formes.
- Il traite de thématiques importantes sans en avoir l’air.
- Il prend de la valeur lorsqu’on le ressort des cartons quelques années plus tard.
Un bon film de Propédeutique répond à trois grandes règles :
Le film de Michaela remplit tous ces critères avec beaucoup d’intelligence et d’autodérision.
Thibault de Chateauvieux, réalisateur
1re année Bachelor
Coline Confort, Gilles Caron, Praha 1969, 4’58”
Atelier montage – Gilles Caron
En revisitant ces photographies réalisées il y a près de cinquante ans par Gilles Caron, Coline Confort cherche à leur inventer une histoire. Elle utilise pour cela la lettre d’une jeune Praguoise écrite une année plus tôt, en 1968, et relatant les événements du printemps de Prague pour coller à ces clichés. On y voit des manifestants faisant face à des soldats. Deux groupes antagonistes, immobiles dans l’attente d’un dénouement. Coline choisit de montrer d’un côté des visages, et de l’autre la masse sombre des soldats. Une femme passe entre les deux groupes et marque ce moment indécis où personne n’a encore idée de ce qu’il va advenir. Avec ce film, Coline écrit une nouvelle version de l’histoire qui donne du mouvement à des images fixes et fait jouer notre imagination.
Benoît Rossel, réalisateur
Lou-Théa Papaloïzos, Liliane A, 22’
Atelier interview/portrait
Dans ce film documentaire, Lou-Théa Papaloïzos réussit un magnifique portrait de sa grand-mère maternelle alors même que celle-ci n’apparaît jamais à l’image. Pour ce faire, la réalisatrice a interviewé sa propre mère et sa tante, toutes deux filmées successivement assises dans le même fauteuil, à quelques heures d’intervalle. A priori il n’y a donc rien de spectaculaire dans le dispositif. Pourtant, la narration captée de ces deux femmes incarne magnifiquement les récits qu’elles font de leur enfance, et la description de leur mère et du monde « dysfonctionnel » dans lequel elles ont vécu. Ellesracontent cela avec leurs mots de façon élémentaire. Mais tout est si juste que nous sommes immédiatement saisis et le film devient un extraordinaire récit de cinéma, véritablement captivant. Plusieurs semaines après avoir visionné ce film, je me suis surpris moi-même à croire avoir vu en images les scènes qu’il évoquait.
Benoît Rossel, réalisateur
Lucas Giordano, Colette en quatre lettres, 5’
Atelier film de commande (Connaissance 3)
« Colette en quatre lettres », c’est Colette qui se relit. Mais qui est Colette ? Une dame solitaire, un océan de souvenirs. Une correspondance, quelques vieilles photos… et voici Paris, Saint-Germain-des-Prés, Blonay, Sidney Bechet, un mariage, une maternité. Mais la trame est dans le tissu et le film parle donc de la mémoire elle-même, fluctuante, capricieuse, organique. Le court-métrage de Lucas Giordano procède par touches à la manière des pointillistes qui peignaient la lumière autant que ce qui la réfléchissait.
Richard Szotyori, réalisateur
Natasha Degrandi, A l’écart, 9’38”
Atelier film de commande (Connaissance 3)
Gérard attend. Des nouvelles de son fils, un coup de fil qui ne vient pas. Les journées silencieuses se succèdent jusqu’à ce que ses pas le conduisent par hasard devant les fenêtres d’une salle de gymnastique où des corps bougent avec grâce et lenteur. Le court-métrage de Natasha Degrandi observe avec pudeur cet homme qui ne veut plus se tenir A l’écart. Un espoir de rencontre, de nouveauté. Et plus que ça : d’équilibre.
Julien Bouissoux, scénariste, écrivain
2e année Bachelor
Moreno Cabitza, Mokuso, 16’45”
Atelier fiction
Jamais un court-métrage de l’ECAL n’aura mieux porté son titre. Mokuso, qu’on pourrait traduire par : « Un court exercice préparatoire en art martial, visant à mettre le corps et l’esprit en état de méditation, dans une seule et même unité de temps et de lieu. » Les cadrages, le jeu des comédiens, le montage, tout est conçu dans ce film pour mettre le mental du spectateur en condition de réceptivité, par la sensation d’être ICI et MAINTENANT. Cela déjà aurait été suffisant pour créer un objet de cinéma. Mais voilà que Moreno Cabitza pousse sa réflexion plus loin, entre minimalisme manga et Zéro de conduite, en créant, en organisant, à l’intérieur même des plans, des idées, une chorégraphie des corps et des objets. Voyez comme les doigts manipulent un téléphone, comme le souffle du vent déplace les feuilles mortes au sol, comme l’ombre d’un père impuissant vient envahir un corps endormi… (extrait)
Josée Deshaies, directrice de la photographie
Julietta Korbel, Mercedes, 16’
Atelier fiction
Mercedes monte dans la voiture d’un inconnu et part en promenade. Le point bascule, le ping-pong tâtonne, et les canards sauvages s’approchent. Dans les bleus, un point de rupture et la rencontre advient. Entre elle, lui, l’eau, le ciel et la terre, une communion éphémère d’individus en quête de sens et de lien. L’identité formelle forte du film de Julietta Korbel ne bride ni les sensations, ni les émotions ; elle englobe le spectateur dans un tout de couleurs et de textures jusqu’au vertige.
Rachel Lang, réalisatrice
Adèle Beaulieu, Encore une, 17’
Atelier documentaire
Partie d’un travail réalisé dans un atelier sur le journal intime, Adèle a ouvert son autofiction à d’autres personnages. Sa complicité joyeuse ave ces femmes est sensible dans chaque seconde du film, sans pour autant que cette joie fasse écran à la précision des témoignages. Le montage nous accueille tout en nous gardant instables. Geste thérapeutique, politique et poétique, Encore une a aussi l’humilité d’assumer, dans ses silences et ses suspensions, qu’il n’est qu’un cri parmi des millions.
Maud Alpi, réalisatrice
Agnese Làposi, Les Ecoutantes, 20’
Atelier documentaire
Oui, elles sont là, chacune à son poste téléphonique, à prêter l’oreille, « les écoutantes ». Au bout du fil, il y a ces femmes en détresse, victimes de l’emprise d’un mari, ces femmes qui appellent pour demander conseil. Il y a leurs voix, à peine audibles, maintenues hors-champ par la mise en scène pour révéler mieux encore leur étouffement.
Isolant chaque écoutante, le cadrage serré nous dit manifestement la limite de l’aide apportée. Jusqu’à ce que l’aveu d’impuissance de l’une d’entre elles devienne audible et résonne, implacable : « Je ne sais pas ce que je peux faire. Je ne sais pas comment vous aider. »
Alors, offert à notre regard, en gros plan, ce cahier où les témoignages des souffrances, en rangs serrés, ont été retranscrits à la main. Traces inertes, figées, laissées dans un silence qui nous invite peut-être à entendre : « Tra il dire e il fare c’è di mezzo il mare. » Entre le dire et le faire, il y a la mer… Bravo Agnese.
Laurence Larre, monteuse
3e année Bachelor — Diplômes
Lou Rambert-Preiss, Ici le chemin des ânes, 23’
Co-production : Point Prod
Le film de Lou lui a posé des questions essentielles : représenter ou non ? Mettre en forme, à quel point ? Le film s’inscrit sur cette frontière, fine, où nos imaginaires de spectateurs peuvent s’engouffrer si l’entrée ne nous est pas interdite par trop de « prononciations ». Lou crée un espace de cinéma, situé entre le spectateur et l’écran, dans un dialogue orienté mais non contraint. Ainsi, le film a l’espace d’exister en nous, et il réussit à faire vivre le mystère qu’il ne définit pas.
Chacun·e des étudiant·e·s, à son endroit, a eu à faire face à ces questions.
Et si Lionel Baier se muait en Lao Tseu, il leur dirait : « Le Tao qu’on tente de saisir n’est pas le Tao lui-même ; le nom qu’on veut lui donner n’est pas son nom adéquat. » Ah…
Lou et sa monteuse Gabrielle Stemmer ont su jouer habilement de la durée et de ses variations, du jeu des acteurs et non acteurs réunis, des rapports d’échelles (d’espace et de temps), de l’immixtion du surnaturel…
Bref, Grand, Petit, Doute… Bravo à lui et à toute son équipe.
Alain Gomis, réalisateur
Juliette Menthonnex, Anywhere, 31’15”
Co-production : Thera production
Avec le soutien de : OFC – Office fédéral de la culture, Cinéforom
Anywhere est l’histoire d’une vie sur la route dont la destination importe peu. Avec beaucoup de délicatesse, Juliette Menthonnex pose son regard empathique et bienveillant au coeur de la famille Stey, une de ces grandes familles de cirque dans laquelle les destins semblent scellés dès la naissance. Ici, tout est question d’apprentissage et de transmission, de travail et de persévérance afin de transformer la sueur en diamants, les caravanes en palais.
Juliette filme avec justesse cette fuite en avant du cirque de notre enfance : celui des voltigeurs à paillettes et des poneys à pompons, avec en filigrane la disparition d’un monde. Il y a dans cet envers du décor une nostalgie empreinte de beauté.
Raphaël Sohier, monteur-son
Antoine Flahaut, La Maturité, 20’
Co-production : Milos films
Avec le soutien de : Fondation culturelle de la BCN
Antoine Flahaut devait écrire un scénario de long-métrage pour conclure ses études à l’ECAL. Son travail de documentation préalable a bientôt pris l’ampleur d’un gigantesque chantier de recherche, à la mesure de l’ambition du projet. En racontant l’histoire d’un jeune homme issu d’une famille ouvrière de Montbéliard au printemps 1968, Antoine se proposait bel et bien de ressusciter un monde […]
Antoine a relevé le défi de réinventer une époque qu’il n’a pas connue. Elle est là, tumultueuse, incarnée, vivante, dans un texte patiemment élaboré qui ne demande qu’à devenir un premier long-métrage. Mais les vrais cinéastes bousculent les scénarios et les programmes des écoles. Au terme de son parcours du combattant, Antoine se devait d’accomplir un geste inattendu pour débuter sa vie de réalisateur.
La Maturité est ce geste. Un court-métrage impromptu, presque improvisé, fidèle en filigrane au scénario du long-métrage, mais qui s’en affranchit aussi pour mieux renouer avec l’inspiration première de son auteur. Une suite de moments sensibles et fragiles qui devinent une âme, celle d’un garçon à la frontière de l’enfance et de l’âge d’homme. Un poème du vertige face à l’opacité de la vie, entre nostalgie et appel du large, entre désenchantement précoce et grandes espérances.
Emmanuel Salinger, acteur, scénariste, réalisateur
Lorraine Perriard, Garage, 20’
Co-production : RTS – Radio Télévision Suisse
Le film Garage de Lorraine, monté par Brandon, me semble emblématique de ce qu’est le cheminement d’un montage. Le premier bout à bout était bien loin du film final... Par peur d’ennuyer le spectateur, d’assumer son scénario, Lorraine avait tendu artificiellement le récit et, ce faisant, tué l’idée même de son film ! Sécheresse des scènes, déséquilibre entre les personnages, rythme mécanique, etc. Lorraine ne voyait plus ses rushes et Brandon était cantonné à rythmer, faute de direction.
Nous sommes donc repartis dans les rushes pour retrouver les intentions premières de Lorraine, et elles y étaient ! Il s’agissait donc pour eux de retrouver le coeur des scènes, de les redéployer autour des détails que Lorraine avait si minutieusement mis en place au tournage et de redonner son âme au film. Brandon devenant alors une réelle force de proposition ! La suite leur appartient, et dès le deuxième bout à bout, le film était là, évident, en place. A partir de ce moment, leur collaboration a pu fonctionner pleinement pour aboutir au film que vous allez voir !
Fabrice Rouaud, monteur
Yatoni Roy Cantu, La Source, 16’
Attiré par le cinéma de genre, habité par la nécessité de raconter cette histoire, Yatoni Roy Cantu a su, durant le processus d’écriture, faire preuve de ténacité et de grandes capacités de rebond pour nous faire partager son univers singulier, fait de mysticisme, d’étrangeté et de sensualité.
Olivier Loustau, acteur, scénariste, réalisateur
Benjamin Bucher, Chasseurs, 17’
Co-production : Box productions
Avec le soutien de : OFC – Office fédéral de la culture, Cinéforom
Les trois chasseurs de... « chasseurs » n’ont pas de fusils mais ils nous emmènent dans un voyage poétique à la chasse à la sonde météorologique ! Benjamin Bucher les suit dans leur quête absurde, inoffensive et de bonne camaraderie. Il nous propose un film en dehors de l’économie, une balade hors des sentiers balisés, un court moment de pure gratuité. Et c’est précieux.
Annette Dutertre, monteuse, responsable du Département montage de La Fémis
Master Cinéma
Sayaka Mizuno, Le Sanctuaire invisible, 32’45”
Diplômes Master Cinéma ECAL/HEAD
Co-production : GoldenEggProduction
Avec le soutien de : OFC – Office fédéral de la culture, Cinéforom, Fondation Hans Wilsdorf
Die Burakumin sind eine Minorität von Parias, die im ehemals feudalen Japan zuständig für alle unreinen Tätigkeiten waren. Das Stadtviertel der Burakumin in Kyoto wird heute überbaut mit Wohnblöcken, welche die sozialen Unterschiede unsichtbar machen sollen. Der Film » Le sanctuaire invisible « ist eine hypnotische, filmische Reflexion über das ambivalente Verhältnis der Burakumin zu ihrer eigenen, schmerzhaften Identität und der Tatsache, dass sie verschwinden. Am Tag blicken wir auf den langsamen, aber steten Prozess des Umbruchs. In der Nacht wandern die Geister der Erinnerung durch das Viertel.
David Bernet, réalisateur
Robin Mognetti, Ne tissez pas comme des araignées les filets avec la salive des chagrins, 19’
Diplômes Master Cinéma ECAL/HEAD
Dans un train sur le chemin du retour, Nina, le personnage principal du film de Robin Mognetti, est à moitié endormie. Elle fait dos au sens de la marche, comme résistant à l’approche imminente de sa ville natale : Hyèresles-Palmiers. « Je ne pourrai pas revenir vivre ici », dit-elle à sa tante qui est venue la chercher à la gare. « En mars, il y a personne, c’est mort », lui répond sa tante, un peu gênée, qui conduit la voiture, obligeant maintenant Nina à regarder la ville de face (tout comme son passé). Ces parcours court-circuités entre résilience et rejet tracent dès le début le propos particulier du film, annoncé par son mystérieux titre. De son exil volontaire à Paris, Nina revient vers une mer azur devenu sombre sous les ombres du fantastique tourneurien. Drôle de film, où les fantômes se jettent à la mer pour mieux y faire naufrager les vivants. Ou ne serait-ce que pour mieux les sauver ?
João Pedro Rodrigues, réalisateur
Evénements
Louis Hans-Moëvi et Maxime Beaud, Lìrio-da-Paz, 9’09”
Brésil aller et retour (Summer University)
Il se languit au bord de la route. Attendant ses prochains clients. Il est un peu décrépi, mais le soleil ravive le jaune délavé de sa façade. Sous les palmiers fièrement dressés qui l’entourent, l’atmosphère est moite. Ses stores verts et blancs restent immobiles malgré les légers frémissements du vent. Il s’appelle le Happy End. C’est un love motel comme il y en a dans toutes les périphéries des villes grandes et petites au Brésil. Y pénétrer coûte 165 réais pour vingt-quatre heures. Mais on peut louer une chambre pour deux heures seulement. Ou trois, quatre… Et venir à plusieurs. Si on veut. Y faire ce qu’on veut, en toute discrétion. Maxime et Louis, intrigués, nous emmènent dans ce lieu. En toute discrétion.
Marie-Eve Hildbrand, réalisatrice
François Musy (extraits de l’entretien)
Technès, partenariat international de recherche sur les techniques et technologies du cinéma
Le cinéma est une pratique éminemment technique. L’évolution des appareils se répercute notamment sur l’« écriture » d’un film – comme ce fut par exemple le cas avec la commercialisation des unités portables de prise de vue et de son synchrone qui donnèrent lieu à l’essor du cinéma direct au début des années 1960 (avec la caméra 16 mm Coutant-Mathot et le Nagra) ou au développement de la vidéo militante un peu plus tard (avec la Portapak).
La plateforme de recherche Technès, qui réunit des universités (Montréal, Rennes, Lausanne), des écoles de cinéma ou d’art (l’INIS, La Fémis, l’ECAL) et des cinémathèques (québécoise, française, suisse), entend précisément étudier l’impact de la technique au cinéma, notamment à travers la mise en ligne d’une encyclopédie des techniques du cinéma.
C’est dans ce contexte que François Musy a été invité à revenir sur sa pratique du son, dans le cadre d’une conférence à l’ECAL et d’un entretien filmé conduit par des doctorants et doctorantes de l’Université de Lausanne.
Ingénieur du son attitré de Jean-Luc Godard (depuis Passion en 1982) ou encore de Xavier Giannoli, il revient à cette occasion sur la composition du son au cinéma, depuis l’écriture du scénario jusqu’aux phases de montage et de mixage. François Musy souligne la continuité qui relie ces différentes étapes, tout en relativisant les « tournants » induits par les nouvelles formes de technologie.
François Bovier, chercheur ECAL / UNIL
Lou Rambert-Preiss, Europium, 3’27
SRG-SSR - Une soirée nationale – Plus 3 degrés
Dans Europium il y a des paysages. Ils sont majestueux. Tellement qu’ils renvoient l’humain à sa vraie dimension : un être minuscule. Et pourtant, cet humain réussit comme aucune autre espèce à asservir ses semblables.
Il y a ceux qui se partagent la connaissance et la richesse, et les autres qui se répartissent les risques et la précarité. Europium dit tout cela, avec des mots venus d’ailleurs et dont la mélopée orientale traduit la résignation, la soumission.
Incontestablement, c’est un vrai film politique que nous propose Lou Rambert-Preiss.
Olivier Cajeux, RTS, producteur de la soirée Plus 3 degrés
Korlei Rochat, Trailer de Visions du Réel, 10”
Trailer de Visions du Réel, Nyon
Comment figurer un festival tout entier ? Le pitch était forcément abstrait. Juste quelques mots et sensations, des oscillations, intangibles. Avec éloquence, Korlei Rochat les traduit en images – celles de l’esprit et celles que l’on enregistre – et en mouvements : une boxeuse qui s’entraîne résolument tandis que la caméra s’aventure (peut-être est-elle fascinée ?) vers l’homme de dos. Tout est dit, si ce n’est sans doute que cela n’est pas si grave. Elle rit.
Emilie Bujès, directrice de Visions du Réel, Nyon
Lou-Théa Papaloïzos, Les Muses de Thésaurus, 8’
Le Temps, créativité suisse et carte blanche à l’ECAL
Pour que tous les matins un quotidien raconte le monde, il faut bien plus que des journalistes. Graphistes, photographes, secrétaires, commerciaux, imprimeur… nombreuses sont les personnes qui d’une manière ou d’une autre, de près ou de loin, souvent dans l’ombre, participent à la vie d’une rédaction. Lou-Théa Papaloïzos s’est intéressée à la correction, étape essentielle s’il en est du parcours d’un article avant parution. Avec une infime sensibilité, elle filme des mains feuilletant des dictionnaires et précis de grammaire, des regards scrutant les milliers de phrases qui chaque nuit sont imprimées.
L’hommage qu’elle rend à ces amoureuses de la langue française que sont les correctrices du Temps est profondément émouvant.
Stéphane Gobbo, chef de rubrique Culture + Le Temps Week-End